CIASE : quel chemin parcouru dans l'Église ?

Le 5 octobre 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) remettait son rapport, à la demande de la Conférence des évêques de France (CEF) et de la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF). Un an après, que s'est-il passé dans l'Église catholique en France ? Quelles actions ont été entreprises ? Comment les personnes victimes ont-elles été entendues ? Que reste-t-il à accomplir ? Entretiens et témoignages exceptionnels.

A cette occasion, KTO diffuse ce mercredi 5 octobre à 8h30, un entretien exclusif avec Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.

Témoignage du père Patrick Goujon, sj

Victime d'abus dans son enfance, auteur de l'ouvrage « Prière de ne pas abuser », le père Goujon déplore la lenteur du mécanisme de réparation : « Pour les victimes, ne pas voir d'actions concrètes mises en œuvre réactive le traumatisme, avec ce sentiment de se heurter de nouveau à un mur de silence de la part de l'Église ».

Témoignage de sœur Véronique Margron, présidente de la CORREF

La présidente de la CORREF salue la remise du rapport qui a permis de manifester « quelque chose de la Vérité ». Elle insiste sur la nécessité de prendre des mesures de prévention et de modification de la gouvernance pour « quitter l'entre-soi qui a tant participé à cacher les coupables et à faire taire les victimes ».

Témoignage d'Olivier Savignac

Olivier Savignac, président de "Parler et revivre", déplore la lenteur du processus de reconnaissance et de réparation pour les personnes victimes, mais il rappelle la mission fondamentale de l'Eglise : « le devoir d'être au plus près des petits, au plus près des souffrants, au plus près des faibles. »

Témoignage d'une personne victime

De 10 à 19 ans environ, X. (qui a souhaité rester anonyme) a été victime d'un prêtre pédocriminel. Elle témoigne de son long et douloureux chemin de reconnaissance et de réparation. Un parcours enfin libérateur grâce à la CIASE puis l'Inirr.

Abus dans l’Église : les collectifs se rassemblent

Samedi 8 octobre, 13 associations et collectifs engagés dans la lutte contre la pédocriminalité et les agressions sur majeur dans l’Eglise se sont rassemblés. L’objectif : faire le point ensemble, un an après la publication du rapport de la CIASE.

Il y a un an, le rapport de la CIASE

Voilà un an que la CIASE a remis son rapport, provoquant une onde de choc dans l’Église catholique en France. « C’est le temps de la honte », disait le pape François lors de l’Audience générale du 6 octobre 2021, au lendemain de la remise du rapport. A la demande de la Conférence des évêques de France et de la Conférence des religieux et religieuses de France, la Commission a réalisé ses travaux de manière indépendante et fait la lumière sur les abus sexuels réalisés sur des mineurs dans l’Église catholique de 1950 à 2020. Le rapport accablant proposait également des recommandations à mettre en œuvre.

Interrogé sur KTO au moment de la remise du rapport, Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE, insistait sur la collaboration « parfaite » entre la Commission et les instances ecclésiales tout au long du travail effectué. Un travail douloureux pour les membres de la Commission eux-mêmes qui ont mis au jour, au-delà des chiffres, « un problème systémique », « une défaillance généralisée ». Jean-Marc Sauvé soulignait : « on n’entend pas, on ne capte pas les signaux faibles émis par les victimes, […] on ne prend pas les bonnes décisions ».

Après la publication du rapport, KTO a reçu en plateau des personnes victimes d'abus, ainsi qu'Antoine Garapon, magistrat et membre de la CIASE, Sr Véronique Margron, présidente de la CORREF, et Mgr Olivier Leborgne, vice-président de la CEF. Ils ont pu témoigner, à la lumière des éléments du rapport, de ces quelques jours passés dans le tourbillon des chiffres donnés. Mgr Leborgne décrivait « l'effroi devant la douleur des victimes, devant l’Église dont [il fait partie], qui a failli très gravement et qui n’a pas assumé ses responsabilités ».

« La CIASE nous aide à poser le diagnostic : le corps est bien plus malade que ce que nous pensons », Mgr Olivier Leborgne.

Dans l’émission Deo et Débats du 14 octobre 2021, c’était au tour des catholiques de partager leur accablement face aux chiffres considérables. « C’est d’autant plus inacceptable que c’est l’Église. C’est un lieu où on doit pouvoir être en toute confiance », partageait Joseph Thouvenel. Fallait-il parler ou se taire pour « digérer » ce rapport Sauvé ? Un échange bienveillant mais sans complaisance où se mêlent les constats, la tristesse et le soutien envers les victimes.

Après la CIASE, penser ensemble l'Église

La réception du rapport a conduit l'Église à approfondir sa réflexion théologique et pastorale autour de la question des abus. KTO a ainsi diffusé une série de conférences, fruit de la collaboration entre le Collège des Bernardins, l’Institut catholique de Paris et le Centre Sèvres, en partenariat avec la CEF et la CORREF. Quatre conférences ont été données autour du thème : « Après la Ciase, penser ensemble l’Église ». L’enjeu était d’élargir la compréhension des abus dans l’Église (physiques, moraux, spirituels), d’en soupeser les enjeux et de formuler des propositions.

• Après la Ciase, penser ensemble l’Église (1/4) : « Les victimes au centre », au Centre Sèvres, diffusé le 14 juin 2022.
• Après la Ciase, penser ensemble l’Église (2/4) : « Où est passé le peuple de Dieu ? Ministères, pouvoir, participation », à l'ICP, diffusé le 20 juin 2022.
• Après la Ciase, penser ensemble l’Église (3/4) : « Panorama de la situation des abus dans l’Église dans le monde. Les actions entreprises pour y répondre », à la CEF, diffusé le 28 juin 2022.
• Après la Ciase, penser ensemble l’Église (4/4) : « L’éthique sexuelle : une question sociale. Sexualité, relations, société », au Collège des Bernardins, diffusé le 28 juin 2022.

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