24/05/2023
Chaque mois de mai, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, gitans de Provence et manouches d’Allemagne, Roms de Roumanie et tsiganes, marchent derrière la statue de Sainte Sara. Une manière de prier pour soi, mais aussi de se donner à voir comme un « peuple ». Pourtant, au-delà de l’oecuménisme folklorique, ce rassemblement souligne des différences, voire des tensions entre ces communautés dites « du voyage ». Il y a là des catholiques, des charismatiques membres de la Communauté de l’Emmanuel, des orthodoxes, des protestants-pentecôtistes. Derrière les religions, ce sont en fait d’autres lignes de fractures qui apparaissent, celles qui séparent nomades et sédentarisés, gens du nord et méditerranéens. Le culte de Sainte Sara, érigé au début du XIX siècle en métaphore de l’identité gitane, est l’occasion de mettre en scène une origine commune, quelque part en Orient, sur les berges de l’Indus. Mais cela suffit-il à définir l’identité commune d’une population généralement vouée aux gémonies et aux fantasmes ? Le film a été tourné pendant la période de confinement (2020 - 2021) alors que l’événement avait été suspendu réduisant au silence les Saintes Maries de la Mer. « Ne pas y aller, ça va plus nous affaiblir qu’autre chose » confesse un fidèle participant du pèlerinage annuel. Une coproduction Armoni productions/Aller-Retour productions/France Télévisions 2021 - Réalisée par Jean-Louis André