Les principales dispositions du Motu proprio Traditionis Custodes
« C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je me vois contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs », écrit le pape François dans la lettre adressée aux évêques, qui accompagne le Motu proprio.
Le pape François abroge le Motu proprio Summorum Pontificum promulgué par Benoît XVI en 2007, qui avait apaisé les tensions autour de la liturgie. Il établit les livres liturgiques promulgués par les saints Paul VI et Jean-Paul II comme « l’unique expression de la lex orandi » du Rite Romain.
La célébration selon les missels antérieurs au Concile Vatican II est désormais soumise à stricte autorisation, et est soumise à l’autorisation des évêques diocésains, dont c’est la « compétence exclusive ». Le pape François leur demande « de ne pas autoriser la création de nouveaux groupes » et l’Eucharistie ne doit pas être célébrée dans « les églises paroissiales ». L’érection de nouvelles paroisses personnelles est désormais proscrite.
Quand des groupes célébrant selon le missel antérieur à la réforme de 1970 existent, l’évêque doit vérifier si ces groupes n’excluent pas la validité et la légitimité de la réforme liturgique, l’enseignement du Concile Vatican II et le Magistère des papes. Les lectures doivent être proclamées en langue vernaculaire.
Les prêtres qui célèbrent déjà selon le missel de 1962 doivent demander à l’évêque « l’autorisation de continuer à utiliser la faculté ». Quant aux prêtres ordonnés après la publication du Motu proprio, l’évêque doit consulter le Siège apostolique avant pouvoir leur accorder une autorisation.
Le pape demande enfin qu’un prêtre, délégué de l’évêque, soit nommé « responsable des célébrations et de la pastorale de ces groupes de fidèles ». Compétent et « animé d’une vive charité pastorale et du sens de la communion ecclésial », il doit avoir à cœur non seulement la célébration digne de la liturgie, mais aussi « le soin pastoral et spirituel des fidèles ».
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Le pape François pointe le risque de la division et du rejet du Concile Vatican II
À la demande du pape, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a lancé en mars 2020 une enquête auprès des conférences épiscopales sur la célébration selon la forme extraordinaire du rite romain. Après le Motu proprio Summorum pontificum de Benoît XVI en 2007, il s’agissait de faire un état des lieux. C’est « une situation qui me chagrine et m’inquiète, me confirmant dans la nécessité d’intervenir », écrit le pape François aux évêques.
La décision de Benoît XVI en 2007, tout comme celles de Jean-Paul II en 1988, étaient portées par le désir de « recomposer l’unité de l’Eglise » et de favoriser la guérison du schisme avec le mouvement de Mgr Lefebvre. Mais le pape actuel considère que la célébration selon l’ancien missel promulgué par saint Pie V en 1570 et réédité par saint Jean XXIII en 1962, a été « exploitée pour élargir les fossés, renforcer les différences et construire des oppositions qui blessent l’Eglise, entravent son chemin, l’exposant au risque de la division ». Si François se dit attristé aussi par les abus quand la liturgie n’est pas célébrée fidèlement selon le nouveau missel promulgué par Paul VI, le Saint-Père considère qu’il peut y avoir « une instrumentalisation du Missale Romanum de 1962, de plus en plus caractérisé par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais aussi du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il trahit la Tradition et la "vraie Eglise" ».
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