06/03/2025
Parce que le monde monastique fuit les tentations, parce qu’il est aussi en quête spirituelle et recherche au fond la solitude, nous dissocions généralement d’un côté l’abbaye et, de l’autre côté, la ville. Même si la règle de saint Benoît ne dit pas explicitement qu’il faut fuir la ville, même si cette fuite n’est pas une obligation, nous comprenons que l’histoire a opéré cette distinction entre le monde monastique et le monde de la cité. Or, dans les faits, nous savons tous que le monde monastique est aussi lié à la ville. Alors à partir de quand font-ils ce choix décisif ? Quelles en sont les raisons ? Comment le monastère, qui est un espace sacré et espace social, concilie le choix de la ville et le choix du retrait du monde ? Est-ce que la ville a développé toute une série de contraintes obligeant les monastères à se réformer ? "Concernant le rapport des moines à la ville, il faut à mon sens distinguer deux aspects. Celui du discours, qui relève du cliché biblique et qui décrit la ville comme un lieu de corruption et de péché. Et puis il y a la réalité plus concrète, qui pousse les communautés monastiques à s’attirer des protecteurs et donc à s’adapter aux demandes du temps." analyse Cécile Caby, Professeur à Sorbonne Université. "Avec le développement des villes, certains monastères qui étaient isolés les uns des autres se retrouvent englobés dans le tissu urbain. C’est le cas par exemple avec la ville de Liège au Moyen-Âge. Tout un ensemble d’abbayes bénédictines, censées vivre dans le désert monastique, se trouvent intégrées dans la ville et rejoignent en quelque sorte le coeur du monde qu’elles étaient censées fuir.", explique Paul Bertrand, Professeur à l’UCLouvain en Belgique.
