L’Évangile, proclamé en italien, était tiré du texte de saint Matthieu, dans lequel Jésus dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ». Le nouveau pape s’est brièvement exprimé en anglais au début de son homélie en invitant les cardinaux à « reconnaître les merveilles que Dieu a faites » .
Poursuivant en italien, Léon XIV a rappelé que, dans la figure de Jésus, « Dieu, pour se rendre proche et accessible aux hommes, s’est révélé à nous dans les yeux confiants d’un enfant, dans l’esprit éveillé d’un adolescent, dans les traits mûrs d’un homme ».
« Dieu me confie un trésor »
Jésus, a-t-il poursuivi, nous propose « un modèle d’humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d’une destinée éternelle, qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités ».
Répondant à l’appel du Christ, Pierre saisit deux réalités fondamentales : « le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer — deux dimensions indissociables du salut, confiées à l’Église pour qu’elle les annonce au bénéfice de toute l’humanité », a-t-il expliqué.
« Dieu, en m’appelant à succéder au Premier des Apôtres par votre vote, me confie ce trésor. Et je prie pour être, avec son aide, un fidèle administrateur de ce dépôt, au service de tout le Corps mystique de l’Église », a déclaré le nouveau pontife.
Utilisant des images bibliques, il a situé l’Église comme « la ville placée sur la montagne, l’arche du salut naviguant sur les flots de l’histoire, le phare éclairant les nuits du monde ».
Et de préciser : « La crédibilité de l’Église ne repose pas sur la magnificence de ses structures ni sur la splendeur de ses édifices – y compris ceux dans lesquels nous nous trouvons –, mais sur la sainteté de ses membres. »
L’abandon de Jésus par les élites et le peuple
Évoquant l’attitude des élites face au Christ, Léon XIV a dénoncé « un monde qui considère Jésus comme un personnage insignifiant, tout au plus un homme curieux, étonnant par ses paroles et ses gestes singuliers. Mais dès lors que sa présence dérange, en raison de son exigence d’honnêteté et de droiture, ce monde n’hésite pas à le rejeter et à l’écarter ».
Quant au peuple, il a souligné qu’il perçoit souvent Jésus comme « un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes – à l’image des grands prophètes d’Israël. C’est pourquoi il le suit… du moins tant que cela ne comporte ni risques ni inconvénients. » Mais au moment de la Passion, « ce même peuple, déçu, l’abandonne ».
« Aujourd’hui encore », a-t-il poursuivi, « il existe de nombreux contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles. On lui préfère d’autres certitudes : technologie, argent, succès, pouvoir, plaisir. »
Il a également dénoncé les environnements « où ceux qui croient sont ridiculisés, méprisés, persécutés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié », et déploré les nombreuses blessures de notre époque : « la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, l’atteinte à la dignité humaine, la crise de la famille… »
Un appel universel à la conversion
Le pape a mis en garde contre une autre tentation contemporaine : « celle de réduire Jésus à un simple leader charismatique ou à un super-homme – une vision qui touche parfois aussi les baptisés, vivant dès lors dans une forme d’athéisme pratique ».
Fidèle à l’esprit du pape François, il a exhorté à « témoigner d’une foi joyeuse en Jésus Sauveur, en s’engageant dans un chemin quotidien de conversion ». Et d’ajouter : « Je le dis d’abord pour moi-même, en tant que successeur de Pierre, alors que je débute ma mission d’évêque de Rome, appelée à présider dans la charité l’Église universelle, selon l’expression de saint Ignace d’Antioche. »
Évoquant le martyre de Pierre, Léon XIV a cité sa Lettre aux Romains, dans laquelle l’apôtre annonçait : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps. » Et de commenter : « Ces paroles traduisent l’exigence ultime pour quiconque exerce une responsabilité dans l’Église : disparaître pour que le Christ demeure, s’effacer pour qu’Il soit glorifié, se donner sans compter pour que nul ne soit privé de la chance de Le rencontrer et de L’aimer. »
En conclusion, le pape a invoqué la Vierge Marie : « Que Dieu m’accorde cette grâce, aujourd’hui et toujours, par l’intercession très tendre de Marie, Mère de l’Église. »