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L’Assemblée continentale européenne du synode à Prague

Publié le 09/02/2023

La phase continentale pour l'Europe du synode pour une Église synodale se tient du 5 au 10 février 2023 à Prague en République tchèque. Une délégation de français se mobilisent pour l'occasion en présentiel et à distance.

Avec quelques 150 participants à Prague et 500 participants en visio, l’Assemblée continentale européenne du Synode est officiellement ouverte depuis le 5 février. La France y est représentée. Entre Prague et l’abbaye Saint-Wandrille en Seine-Maritime, la délégation française s’organise pour vivre ces jours d’échanges.

La France représentée à l’Assemblée continentale européenne

Une délégation de 14 français participe à l’Assemblée continentale européenne. Quatre d’entre eux ont fait le déplacement à Prague et dix sont réunis à l’abbaye Saint-Wandrille pour suivre les échanges à distance. Des profils différents pour représenter l’Église en France dans cette phase régionale du synode.

Les participants à Prague :

  • Anne Ferrand, Laïque consacrée du diocèse de Rodez
  • Mgr Alexandre Joly, Évêque de Troyes et responsable de l’équipe nationale du Synode
  • Lucie Lafleur, Membre de l’équipe nationale du Synode
  • Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Archevêque de Reims, Président de la Conférence des évêques de France

Les participants depuis l’abbaye Saint-Wandrille :

  • Sr Albertine, Communauté du Chemin neuf, diocèse de Lyon
  • Florence Chereil, Éducatrice de l’Arche, diocèse d’Avignon
  • Claire Halleux, Agricultrice, référence synodale, diocèse de Soissons
  • François Meusnier, Médecin, référent synodal, diocèse de Fréjus-Toulon
  • Isabelle Morel, Théologienne à l’Institut Catholique de Paris, diocèse de Besançon
  • P. François Odinet, Théologien au Centre Sèvres, diocèse du Havre
  • Dominique Rouyer, Secrétaire nationale CCFD-Terre Solidaire
  • Cécile Tallon, Référente synodale, diocèse de Limoges
  • Éric Tallon, Diacre, référent synodal, diocèse de Limoges
  • P. Hugues de Woillemont, Secrétaire général de la Conférence des évêques de France

Au cours de son intervention à Prague, la délégation française a rappelé l’espérance qui marque ce processus synodal, en évoquant la crise des abus, la place des pauvres, la liturgie et l’importance des prêtres.

Voici ci-dessous le texte de l'intervention de la délégation française :

***

Le document pour l’étape continentale a été accueilli alors que l’Église en France est engagée dans un processus de vérité et de transformation, suite à l’enquête de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église, puis des révélations et d’autres enquêtes comme celle qui vient de paraître sur les Frères Marie-Dominique et Thomas Philippe, et Jean Vanier le fondateur de l’Arche. Si douloureux soit-il, ce chemin est nécessaire ; il permet à l’Église de donner la priorité à ceux qui ont été abusés et abîmés, de lutter contre les violences et devenir un lieu sûr où l’on peut rechercher Dieu sans craindre d’être l’objet de la convoitise de l’un ou l’autre, de purifier toutes les formes de déformation de la vie spirituelle, finalement de retrouver la fidélité à ce que le Christ attend d’elle.

La convergence entre le document pour l’étape continentale et le discernement des Églises locales conforte le souci d’une Église ouverte à tous parce que les yeux rivés sur le Christ : jeunes, pauvres et exclus, personnes avec un handicap, personnes homosexuelles, divorcés et remariés, chacun doit se sentir attendu dans l’Église et y trouver sa place car membre d’un même corps, celui du Christ (cf. 1Co 12). L’accueil inconditionnel n’empêche pas le discernement pour articuler miséricorde et vérité dans certaines situations spécifiques.

A la suite du Christ, l’Église cherche à être à l’écoute du cri des pauvres et du cri de la terre, scrutant les traces du Royaume présentes dans le monde, une Église non pas repliée sur elle-même mais réellement prophétique. « Marcher au rythme des plus fragiles et des plus abîmés est le meilleur moyen de marcher au rythme de tous, mais surtout celui du Christ ». En réalité, notre Église doit apprendre à recevoir des pauvres et des personnes avec un handicap ce que Dieu veut nous dire aujourd’hui.

Pour cela, il est essentiel que l’Église donne toute sa place à la Parole de Dieu, réintègre la dimension spirituelle dans sa vie ordinaire, dans toutes ses activités pastorales jusque dans son travail de gouvernance.

De fortes tensions demeurent autour de la liturgie, avec l’application parfois douloureuse du Motu proprio Traditionis Custodes et le risque de division au sein de l’Église, mais également la manière de célébrer, le langage symbolique, la mission de chacun au sein de l’acte liturgique, ainsi qu’une attente assez forte autour de l’homélie. Les sensibilités ou les attachements à telle ou telle manière de célébrer mènent parfois à des divisions, les signes de la communion et la confiance dans l’amour maternel de l’Église s’estompant progressivement, c’est un lieu d’inquiétude en France.

Un sujet brûlant revient dans le discernement de toutes les Églises locales : la place des femmes dans la vie de l’Église, notamment dans son gouvernement. Demeure l’impression que les femmes ne sont pas vraiment impliquées dans les processus de décision ni toujours respectées pour leur spécificité. Des pas significatifs sont attendus, des décisions explicites et engageantes, pour ne pas en rester à des constats.

Force est de reconnaître le morcellement au sein des communautés, avec des entre-soi, des conflits. La première phase du synode et le document pour l’étape continentale font apparaître l’urgence de réapprendre le discernement ecclésial. C’est un vrai chemin pour ne pas se conformer à l’idée du moment mais entendre ce que l’Esprit nous inspire aujourd’hui. Cela demande un vrai chemin de conversion, avec un travail autour de l’unité et de la réconciliation ; les peurs et les résistances doivent être regardées comme telles, elles peuvent être un signe important, et doivent pouvoir être affrontées et dépassées.

Parmi les sujets importants, les prêtres : reconnaissant envers leur ministère, les fidèles souhaitent que l’on prenne soin des prêtres, qu’on leur donne de remettre le souci de l’évangélisation au cœur de leur mission, qu’on redonne sa priorité à la question des vocations dans l’Église. Le ministère presbytéral est un grand don de Dieu pour l’Église : nous nous réjouissons que des personnes donnent leur vie avec joie, au cœur de la communauté chrétienne, exerçant un ministère dont Dieu a besoin pour faire grandir son Église.

La synodalité de l’Église nécessite également la reconnaissance des dons et des charismes de tout fidèle, l’égale dignité de chacun, en recherchant l’articulation symphonique des différentes vocations au sein de l’Église. S’il est nécessaire de reconnaître l’autorité des pasteurs et la mission qu’ils ont reçue, il est tout autant nécessaire de reconnaître le sensus fidei de tout fidèle, clerc ou laïc. Le ministère ordonné peut se comprendre davantage comme étant au service de la vie baptismale, donnant à chaque fidèle baptisé et confirmé de participer pleinement à la vie et à la mission de l’Église.

Une priorité doit être donnée à la formation comme étant un élément structurel de la vie de tout chrétien.

Afin de vivre une meilleure gouvernance dans l’Église, beaucoup demandent que l’on repense un management plus participatif, avec la place de l’écoute et du discernement, la compréhension de l’autorité comme un acte d’amour et de service. Ce chemin de conversion passe par un réapprentissage de l’écoute réelle et respectueuse de l’autre, du dialogue et du discernement afin de dépasser les polarisations qui se traduisent trop souvent en oppositions, en suivant le chemin de l’Esprit qui ne cesse de nous surprendre. Cela demande du temps pour être véritablement à l’écoute de l’Esprit et à l’écoute de nos frères et sœurs.

Les chrétiens sont invités à rendre compte de leur espérance en donnant toute sa place à l’expérience et au témoignage (cf. 1P 3, 15-16), à oser proposer le kérygme aujourd’hui. Ce témoignage sera vrai si nous poursuivons la marche œcuménique, en élargissant l’espace de la tente. Ce témoignage évangélique se traduit notamment dans la vie de petites communautés ou fraternités, petites Églises de proximité, qui vivent et témoignent de l’Évangile, d’une vie à la suite du Christ.

Le processus synodal est marqué par l’espérance, tout en sachant que le discernement est un chemin long et exigeant. S’il importe de veiller à l’unité et d’éviter toute rupture dans l’Église, il est tout autant nécessaire d’avancer et de ne pas en rester à de bonnes intentions pour ne pas éteindre cette espérance qui habite le cœur de tous ceux qui se sont mis en route à l’appel du pape François.

Des rencontres des Assemblées continentales de par le monde

Chaque continent est appelé à réunir une assemblée ecclésiale constituée d’évêques, de prêtres, de diacres, d’hommes et de femmes consacrés, laïcs et laïques. Ces travaux conduiront à une deuxième synthèse, l'Instrumentum laboris 2 publiée par le Vatican, et qui permettra de préparer la troisième et dernière étape du Synode : la phase universelle.

L’Europe n’est pas le seul continent à se réunir. L’Océanie a commencé sa session de travail le 5 février également. Les évêques des différentes régions de l’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée) se sont rassemblés pour une réunion de cinq jours à Suva aux Fidji. L’Assemblée continentale du Moyen-Orient se tiendra du 12 au 18 février à Beyrouth. L’Assemblée continentale asiatique se tiendra à Bangkok en Thaïlande du 24 au 26 février. Du 1er au 6 mars, ce sera au tour de l’Assemblée continentale africaine de se tenir à Addis-Abeba en Éthiopie après des sessions de travail menées à Accra au Ghana (6-9 décembre 2022) et à Nairobi au Kenya (23-25 janvier 2023). L'Assemblée continentale d'Amérique latine et des Caraïbes se déroulera en quatre réunions distinctes dans la région : pour les participants du Mexique et d’Amérique centrale, au Salvador du 13 au 17 février, pour les participants des Caraïbes, en République dominicaine du 20 au 24 février. La 3e réunion se tiendra à Quito en Équateur du 27 février au 3 mars. La quatrième réunion se tiendra à Brasilia au Brésil du 6 au 10 mars.

Au cœur de la phase continentale

À l’issue de la phase diocésaine, les conférences épiscopales du monde entier ont envoyé leur document de synthèse.
La phase continentale du synode s’est ouverte en septembre 2022 avec la publication du Document de travail pour l’étape continentale (Instrumentum laboris 1) par la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Ce document présente à la fois les retours d’expérience du processus lancé, la synthèse diocésaine et la méthode employée.

Cette phase continentale va être une relecture du travail de la phase diocésaine, en revenant sur les cinq thèmes définis : l’écoute, la mission, l’engagement et la participation, des structures et institutions, ainsi que la liturgie.

Suivre le travail de l'Assemblée continentale européenne

220 participants réunis à Prague pour l'étape continentale européenne du Synode

A Prague, l'Assemblée continentale européenne du Synode se conclut

Assemblée continentale européenne du synode à Prague : accroître la participation des laïcs

La délégation française à l'assemblée continentale européenne du synode à Prague

Les étapes du Synode


Phase diocésaine (octobre 2021-15 août 2022)

- 9 et 10 octobre 2021 : Célébration d’ouverture du synode par le pape François
- 17 octobre 2021 : Célébration d’ouverture du synode dans les Églises particulières
- Août 2022 : Synthèse de cette phase synodale
- Septembre 2022 : Instrumentum Laboris 1

Phases régionale et continentale (septembre 2022-mars 2023)

- À partir de septembre 2022 : Assemblées ecclésiales régionales et continentales.
- Mars 2023 : Remise des documents finaux des assemblées régionales et continentales
- Juin 2023 : Instrumentum Laboris 2

Phase universelle

- 4-29 octobre 2023 : première session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques
- Octobre 2024 : 2ème session générale des évêques à Rome, et publication du document final.

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