Un héritage du pape François, signé en la fête de saint François d'Assise
Signée ce samedi 4 octobre par Léon XIV dans la bibliothèque privée du palais apostolique, l'exhortation apostolique Dilexi te a pour particularité d’être un legs de son prédécesseur, décédé le 21 avril dernier. Le pape François avait en effet travaillé à l’écriture du texte pendant les derniers mois de son pontificat, situant cette exhortation dans la continuité de sa dernière encyclique, Dilexit nos (‘Il nous a aimés’) sur la dévotion à l’amour humain et divin du Cœur de Jésus. Le pontife argentin entendait ainsi mettre en évidence le lien entre l’enracinement spirituel et l’engagement social.
Reprendre et achever un texte entamé par un prédécesseur est une pratique habituelle pour les papes au début de leur pontificat. En 2006, la première encyclique de Benoît XVI, Deus Caritas est, avait réinvesti certains traits de la pensée de Jean-Paul II. D’une façon plus explicite encore, en 2013, le pape François avait repris à son compte l’encyclique initiée par Benoît XVI avant sa renonciation, en y associant le nom de son prédécesseur. Le document rédigé à quatre mains, publié sous le nom de Lumen Fidei, portait sur la foi. Le pape allemand « avait déjà pratiquement achevé une première rédaction […]. Je lui en suis profondément reconnaissant et, dans la fraternité du Christ, j’assume son précieux travail, ajoutant au texte quelques contributions ultérieures », écrivait alors François.
Un signe de continuité
Cette passation de flambeau, dès l’ouverture d’un pontificat, constitue un signe tangible de la continuité de la tradition entre les successeurs de Pierre. Avec Dilexi te, Léon XIV s’inscrit ainsi dans le sillage du 266e pape, rendant hommage à celui qui ne cessa de réclamer “une Église pauvre pour les pauvres”. En publiant ses derniers mots, inachevés, il livre en quelque sorte le testament magistériel de son prédécesseur.
Le 266e pape avait choisi son nom en l’honneur de saint François d’Assise. La signature par Léon XIV de ce texte ce 4 octobre, jour de sa fête liturgique, représente donc un symbole clair de continuité avec son prédécesseur. Le pape François, qui avait fait son premier voyage à Lampedusa auprès des victimes des pauvretés actuelles, les migrants, a été vu par l’opinion publique comme “le pape des pauvres”. C’est également lui qui avait institué la Journée mondiale des pauvres, en 2017.
Une exhortation ancrée dans l’Histoire de l’Église
Dans ce texte qui vient en quelque sorte “boucler la boucle” de l’Argentin, le souci des pauvres doit se rapporter à toute l’histoire de l’Église, en s’appuyant sur les nombreux saints ayant fondé des congrégations religieuses dédiées au soin des pauvres.
Au-delà des références naturelles au pape François, ce texte doit aussi réinvestir le magistère des papes de l’époque contemporaine depuis Léon XIII, dont l’encyclique Rerum novarum (1891) est considérée comme un texte fondateur de la doctrine sociale de l’Eglise.
Dès son élection, le 8 mai dernier, Léon XIV s’est situé dans la filiation de ce pape italien qui régna de 1878 à 1903, et qui fut le dernier à utiliser ce prénom. Léon XIV avait alors expliqué avoir choisi ce nom afin de « donner plus d’attention aux questions d’ordre social dans le monde, et aux questions de justice », dans un monde bouleversé par le développement de l’intelligence artificielle.
La première encyclique de Léon XIV, qui devrait porter sur les défis anthropologiques contemporains, devra pour sa part être publiée dans les prochains mois.
Source I.Media