À la fin du XIIe siècle, Lothaire de Segni, devenu le pape Innocent III, décide d’opérer un changement majeur, qui pourrait pourtant passer pour purement symbolique. Alors que le pape était désigné comme le vicaire de Pierre, Innocent III décide de prendre le titre de Vicaire du Christ. Ce nouveau vicariat donnait bien évidemment une nouvelle dimension à la papauté : une dimension théologique, religieuse naturellement, mais aussi politique. Peut-on alors parler d’avènement d’une théocratie pontificale ? Et qu’entend-on tout précisément par cette expression ? "La théocratie pontificale représente une façon bien particulière d’articuler les pouvoirs religieux et politique à l’époque médiévale. Il ne faut pas imaginer qu’il s’agit du seul modèle, ni même du modèle principal au Moyen Age. Dans cette organisation, le Pape prétend exercer un pouvoir et une domination universelle sur le monde dans toutes ses facettes, en tant que représentant de Dieu sur terre", explique Cécile Caby, Professeur d’Histoire médiévale à Sorbonne Université. "Ce qui peut paraître paradoxal, c’est que si on s’en tient à la définition stricte de la théocratie, où les pouvoirs spirituels et temporels sont confondus, il n’y a jamais eu de théocratie dans le monde chrétien. Les papes n’ont jamais prétendu remplacer les rois, ni diriger leurs armée ou leurs administrations à leur place. En vérité, on parle de théocratie quand les souverains pontifes prennent un certain ascendant en se déclarant juge ultime sur les puissants. Et de fait, à partir d’Innocent III, des rois, et même un empereur, vont être déposés par le siège apostolique", note Julien Théry, Professeur d’histoire médiévale à l’Université Lumières Lyon 2.
Le journaliste Christophe Dickès, et ses invités se penchent sur des moments-clés de l'Histoire de l'Eglise, pour en exposer, de manière aussi claire que précise, les enjeux et les faits.
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