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Prière et fraternité suite à l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine

Publié le 19/10/2020

Les appels à la prière et à l'éducation à la fraternité se multiplient à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, l’enseignant décapité à Conflans-Sainte-Honorine vendredi 16 octobre par un jeune homme d’origine tchétchène de 18 ans. Il avait montré des caricatures de Charlie Hebdo à ses élèves lors d’un cours sur la liberté d’expression.

Ce dimanche 18 octobre, les portes de l'église Saint-Maclou à Conflans-Sainte-Honorine sont ouvertes. À la suite à l’attentat qui a frappé leur ville, les fidèles ressentent le besoin de se recueillir, d'allumer un cierge, ou de réfléchir. Le père Arnaud Gautier annonce l'ouverture d'un espace de parole après les vacances de la Toussaint à la paroisse du Confluent « pour les élèves qui ont vécu le drame, pour les professeurs, les élèves qui sont à l’aumônerie catholique mais qui pourront inviter leurs camarades, de même pour les enseignants ». Les échanges s’achèveront sur un temps de prière avec les paroissiens qui seront présents. La démarche rejoint l’appel du diocèse de Versailles à prier pour la paix et la fraternité.

 

Le diocèse de Versailles réagit

Au lendemain de l’attentat qui a secoué cette petite ville des Yvelines, l’évêque de Versailles Mgr Eric Aumonier et son auxiliaire Mgr Bruno Valentin ont réagi dans un communiqué : « L’assassinat de M. Samuel Paty […] nous bouleverse comme tous les citoyens attachés aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité » avant de citer le pape François, dans sa récente encyclique sur la fraternité : « La fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité. Que se passe-t-il sans une fraternité cultivée consciemment, sans une volonté politique de fraternité, traduite en éducation à la fraternité, au dialogue, à la découverte de la réciprocité et de l’enrichissement mutuel comme valeur ? Ce qui se passe, c’est que la liberté s’affaiblit […] » (Fratelli Tutti §103).

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A Rouen, le souvenir du père Hamel ravivé

Dans un communiqué intitulé « Tu ne tueras point », l’archevêque de Rouen Mgr Dominique Lebrun, dont le diocèse avait été frappé par une attaque terroriste où deux djihadistes avaient assassiné le père Jacques Hamel dans son église en 2016, a écrit : « Le fanatisme a tué. Une fois de plus. C’est toujours aussi insupportable » avant d’exprimer « ses condoléances les plus affectées et sa solidarité la plus totale » aux proches de la victime. « La colère et la peur guettent les collèges après avoir touché les lieux de culte, les forces de l’ordre ou des symboles de la République. Le diocèse de Rouen continuera d’enseigner dans ses écoles, collèges et lycées les éléments fondateurs de la fraternité. Les dix commandements en sont la base : Tu adoreras Dieu seul et Tu ne tueras point sont pour nous inséparables » poursuit le communiqué, avant de conclure : « Puissent l’assassin et ceux qui nourissent le fanatisme trouver la lumière dans une rencontre authentique de Dieu. Jamais Dieu ne veut la mort, pas même celle du méchant. Il veut que l’humanité se détourne du Mal pour retrouver sa vocation à aimer ».

Dimanche 18 octobre, des représentants de différents cultes se sont retrouvés devant la Stèle républicaine pour la paix et la fraternité près de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dédiée à la mémoire du père Hamel, à l’invitation de Mgr Dominique Lebrun, pour assurer leur engagement à travailler dans la fraternité et refuser la violence. A ses côtés se trouvaient Bachar El Sayadi (Union des Musulmans de Rouen), Mohammed Karabila (Conseil Régional du Culte Musulman), le rabbin Chmouel Lubecki, le pasteur James Lowe et le père Pierre Belhache.

Rouen

Les représentants de différents cultes devant la Stèle républicaine pour la paix et la fraternité près de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dédiée à la mémoire du père Jacques Hamel, dimanche 18 octobre. (Diocèse de Rouen)

La CEF fait part de sa « profonde tristesse »

De son côté, le père Vincent Féroldi, directeur du Service National pour les Relations avec les Musulmans, a réagi vendredi sur Twitter : « Ce soir, la communauté éducative nationale est en deuil après l’horrible décapitation d’un professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine. Toutes mes pensées vont vers sa famille, ses collègues et les élèves de son collège. La vie humaine est sacrée ».

La Conférence des évêques de France (CEF) a exprimé dans un communiqué sa « profonde tristesse », et son secrétaire général Vincent Neymon a tweeté : « Tristesse et horreur devant l’horrible crime contre Samuel Paty. Pensées et prières pour ses proches, sa famille, ses élèves, ses collègues. Notre pays deviendra-t-il une école de fraternité, seul rempart contre cette violence inouïe ? Que votre mort, M. Paty, nous montre ce chemin ! ».

L'enseignement catholique « solidaire »

Mgr Laurent Ulrich, président du Conseil épiscopal pour l’Enseignement catholique, et Philippe Delorme, son secrétaire général, ont partagé un communiqué dans lequels ils se disent « profondément uni[s] solidairement à toute la communauté scolaire » avant d'ajouter : « Nous tiendrons ensemble avec un « pacte éducatif » partagé avec tous dans un esprit d’alliance, d’amitié sociale, de dialogue, de fraternité. Nous ne reculerons pas sur notre confiance dans la possibilité d’une fraternité entre les personnes, faite de dialogue entre les groupes sociaux, entre les religions et les cultures, entre les savoirs, entre la foi et la raison. Et en tant que catholiques, nous redisons ici aux musulmans de notre pays que nous serons toujours en dialogue avec eux, sans les confondre avec les fanatiques, les extrémistes et les terroristes ».

Dans une démarche d'unité, les représentants des cultes catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif et bouddhiste ont publié une déclaration commune sur le site de l'Eglise catholique en Gironde. « La vie humaine est sacrée », écrivent-ils, redisant « avec force que personne ne peut attenter à la vie d’autrui, en se réclamant de ses convictions religieuses ou idéologiques quelles qu’elles soient »« La République Française est garante des règles communes qui donnent à chacun la dignité à laquelle il a droit. C’est ainsi que notre vivre ensemble est bâti sur la défense des libertés de conscience et d’expression et sur l’éducation au respect mutuel. Nous voulons soutenir et œuvrer avec toutes celles et tous ceux qui luttent contre l’ignorance et militent pour la connaissance et la reconnaissance de l’autre, de son histoire, de ses traditions et qui se battent contre tous les extrémismes » poursuit le texte. L'archevêque de Bordeaux Jean-Paul James et le grand imam de Bordeaux Tareq Obrou figurent parmi les signataires.  

De son côté, l'évêque de Corbeilles-Essonnes Michel Pansart a partagé sa réflexion sur le site de son diocèse, appelant face à la violence et la haine « à une action tenace, patiente, durable, cohérente et pédagogique, sans naïveté en tous nos lieux d’éducation (école, associations sportives, culturelles, traditions religieuses et philosophiques…) » et dans les familles. Il s'interroge : « Comment parlons-nous de l’autre, des autres, de ceux qui nous sont étranges ? Quelle éducation mettons-nous en œuvre au quotidien contre les pseudo-vérités, les informations fallacieuses (fake-news), les propos insultants ou dégradants, la violence sur des réseaux sociaux ? Plus que jamais nous avons à prendre soin les uns des autres ».

Lors de la Rencontre internationale de prière pour la paix, qui a réuni mardi 20 octobre à Rome plusieurs responsables religieux, le grand rabbin de France Haïm Korsia appelle « à poursuivre le combat » pour l'éducation mené par Samuel Paty « dans la fraternité, sans faiblesse et sans peur ».